DUGAS Louis, dit Loulou (1917-1950)

DUGAS Louis, dit Loulou (1917-1950)

Né en 1917 au hameau de la Croisière. Il travaille d'abord comme mousse sur une péniche à moteur du Rhône. Très jeune il adhère aux Jeunesses communistes de Bollène. Militant actif il participe notamment à l'aide aux Républicains espagnols.

En 1940 il travaille à la gare de Bollène La Croisière. Il forme un groupe de Résistants et distribue la nuit des tracts clandestins, notamment l'Humanité.

A partir d'août 1942, son groupe se transforme en groupe F.T.P.F. qui se livre à de nombreuses actions de sabotage sur la voie ferrée (Bataille du Rail). Son travail de cheminot lui permet d'avoir des renseignements sur les déplacements des convois allemands et de mener une action efficace. Le groupe est finalement repéré par la gestapo. Loulou et son cousin Léon DUGAS échappent de justesse à l'arrestation le 11 août 1943. Il abandonne son travail, passe dans la clandestinité et rejoint les maquis de l'Ardèche puis du Gard. Il participe ensuite dans l'Allier à différentes actions armées. Son courage lui vaut d'être nommé capitaine F.T.P.F., homologué lieutenant à la Libération.

Cependant il quitte l'armée et se fait embaucher à EDF-GDF de TOULON.

La dure vie de la clandestinité et du maquis a aggravé son état de santé. Il meurt en 1950, au cours d'une intervention chirurgicale, à l'âge de 33 ans.

DUGAS Louis, père (1882-1946)

En compagnie de son épouse

Domicilié au hameau de La Croisière. Agriculteur puis ouvrier à l'usine VALUY. Ancien combattant de la guerre 1914-1918 dans les chasseurs alpins.

Résistant communiste. Arrêté par la police allemande, avec sa femme, le 11 mai 1944 et enfermé à la citadelle de Pont St Esprit. Abominablement torturé pour lui faire dire où se trouve son fils, Loulou DUGAS combattant F.T.P.F. Il ne parle pas.

Il meurt le 25 mars 1946 des suites de ces tortures. Reconnu officiellement : "Mort pour la France".

Le 11 Août 1943, à l'aube, un fort détachement de SS accompagné de miliciens investissent le hameau de La Croisière. Toutes les issues sont barrées, la gare est occupée.

Le commissaire de police, dans son rapport au Préfet écrit :

 « Hier après midi, des inspecteurs de la 9ème brigade de police de sûreté de Marseille et des dirigeants de la milice ont opéré dans le quartier de La Croisière. Le nommé RAMIERE Charles, cultivateur, aurait été arrêté, tandis que le nommé DUGAS Léon qui avait été appréhendé aurait réussi à prendre la fuite. Officiellement je n'ai pas été tenu au courant de ces opérations de police. »

(A.D. Vaucluse 3W19)

Nous avons un peu plus de détails avec le témoignage d'un résistant, Charles MONIER qui a vécu cette journée dramatique :

« Vers la mi-Août 1943, un détachement de SS épaulé par des miliciens locaux avec à leur tête le dénommé CRUON, investit le hameau de La Croisière.

Ils tentent d'abord d'arrêter Loulou DUGAS. Il est sept heures du matin. Celui-ci se rend à son travail à la gare. Arrivé au passage à niveau (qui n'existe plus aujourd'hui), un soldat allemand l'interpelle :

  • Pouvez-vous me dire où habite M. Douga ?

Loulou a compris : on vient l'arrêter.

Il indique une fausse direction vers l'ouest alors qu'il habite à l'entrée du hameau mais du côté est.

Il se rend immédiatement chez lui pour avertir ses parents. Puis il s'évapore dans la campagne échappant ainsi à l'arrestation.

Toute la journée, les SS font régner la terreur dans le hameau. Les chiens rencontrés dans la rue sont abattus, les poulaillers sont pillés ainsi que plusieurs habitations.

Les habitants trop curieux qui sortent de chez eux pour savoir ce qui se passe sont pris comme otages et enfermés dans la gare.

Ce jour-là, Marcel (Eugène BERTRAND) vient d'Avignon, par le train, avec des tracts pour annoncer les victoires alliées en Italie. Comment le prévenir ? Ce sont Jean SCHAPPLER (jeune patriote alsacien réfugié à Bollène) et Mme VERGNE, épicière à La Croisière, qui vont s'en charger. Tous les deux le connaissent. Mme VERGNE prend une valise et se rend en gare comme si elle partait en voyage. Le train s'arrête, les SS surveillent. Marcel s'apprête à descendre. Jean lui fait un signe. Il a compris. Il se rassied. Mme VERGNE monte avec lui dans le compartiment et lui explique la situation. Ils descendront tous les deux en gare de Lapalud. Marcel est sauvé.

Dans l'après midi, une voiture automobile arrive, conduite par un allemand.

Elle prend la direction de la ferme de Charles RAMIERE qui est arrêté et emmené les bras attachés derrière le dos. Libéré deux mois plus tard, il rejoint un maquis de l'Ardèche avec Louis BOISSIN de Bollène.